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شاهد الفيديو / Révélations exclusives d’un expert maritime tunisien sur l’accident du bateau Ulysse: Ce qui s’est passé est inacceptable et scandaleux / Video Streaming

L’expert maritime tunisien A.A a bien voulu commenter la collision du car-ferry Ulysse pavillon Tunisien de la CTN avec le porte conteneur chypriote CSL Virginia, accident qui s’est produit le dimanche 7 octobre 2018 quand le car-ferry Ulysse en route vers Radès au départ de Gênes-Italie est entré en collision à 06:00 UTC avec CSL Virginia qui se trouvait à l’ancre à 17 milles nautiques au nord de Cape Corsica (Corse France).

L’expert commence son commentaire en faisant l’état des lieux de l’accident. Il dit ce qui suit: «Suite à la collision entre les deux navires, l’avant (the bow) de l’Ulysse a pénétré profondément dans la coque côté tribord du porte conteneur chypriote, causant une large brèche de plusieurs mètres dans la coque (the Hull), et une fuite importante de la citerne en fuel de soute, en résulte une pollution due à l’étalement de plusieurs tonnes de fuel sur plus de 20km de long et plusieurs dizaines de mètres de largeur selon les autorités françaises provoquant un désastre écologique. La catastrophe écologique aurait pu être beaucoup plus lourde si c’était un pétrolier à la place de CSL Virginia ».

A noter néanmoins que l’enquête est en cours et qu’on ne dispose pas de tous les éléments de l’incident, mais il est permit de se poser la question du « Comment cela s’est passé? »

L’interlocuteur relève qu’il n’y a -heureusement- pas eu de pertes humaines, et que bien entendu les abordages en mer existent. Pourtant un tel abordage est inacceptable dans de pareilles conditions : beau temps, bonne visibilité et une navigation visuelle suffisait pour éviter cet accident, en plus des moyens de navigation électronique, et d’autres aides à la navigation disponibles à bord.

De plus, ce qui est étonnant selon notre interlocuteur, c’est qu’il n’y a pas eu d’action prise par l’officier en charge de la navigation à la passerelle pour éviter une pareille collision. Cela reflète un manque de vigilance, de la négligence et de l’irresponsabilité de l’officier en charge.

Pendant le temps durant lequel l’incident est arrivé, la veille était assurée par le second capitaine qui est supposé avoir plus d’expérience que les lieutenants. Ce qui s’est passé rique la traduction du capitaine de l’Ulysse et de son second devant les tribunaux en France.

 Par ailleurs, les réponses médias de la CTN n’étaient pas adéquates et professionnelles. Il est clair que la société a tenté de cacher ses échecs et les défaillances de système de gestion de la sécurité « Safety management system » de la flotte et au sein de la compagnie. Revenant sur les déclarations des responsables de la CTN, comment le président directeur général peut-il parler de dégâts matériels limités alors qu’il n’y pas eu d’évaluation conséquente des répercussions de l’incident ! Med Abid directeur central a indiqué que « le porte-conteneur chypriote était stationné dans un endroit non-autorisé » alors que cette déclaration n’est pas appropriée dans le jargon de la navigation maritime.

Une autre déclaration non moins étonnante concerne la désincarcération des deux navires qui aurait pu être effectuée par les moyens de l’Ulysse alors qu’au moins deux compagnies spécialisées d’assistance en haute mer (française et italienne) se sont alliées pour réussir l’opération après une troisième tentative.

 

En ce qui concerne la vidéo diffusée par l’équipage à bord de l’Ulysse sur les lieux de l’incident, A.A la juge scandaleuse et irresponsable. Elle reflète, selon lui, l’indiscipline qui règne à bord et dans la compagnie en général. L’autorité des capitaines semble fortement affectée par les syndicats qui se mêlent de choses qui sont en dehors de leur compétence, et il faudrait qu’ils reprennent la totale autorité à bord.

A.A se rapelle du limogeage de l’ancien président directeur général de la CTN, Karem Mansour, une compétence sûre et qui a fait ses preuves à l’échelle nationale. L’expert maritime considère que l’administration maritime -qui assure le contrôle de la sécurité, la délivrance des certificats à la flotte battant pavillon tunisiens, brevets et certificats au personnel navigant tunisiens- est exercée de plus en plus par des gens qui manquent du minimum requis en terme de compétences techniques primordiales pour assurer une certaine crédibilité de la fonction. Les nominations font preuve d’un manque de rigueur.

De plus, la fermeture de l’école de la marine marchande de Sousse, une école fondée depuis les années 70, qui a participé largement à construire la marine marchande en Tunisie. C’était une grande erreur, estime l’expert, et les répercussions néfastes sur l’administration maritime en sont la preuve la plus cuisante.

Pour ce qui est des répercussions financières sur la CTN, A.A dit que les assurances (P&I) vont couvrir une partie des dommages, mais il est important de citer les dédommagements suivants:

-Dédommagement de la compagnie chypriote, certains parlent de dizaines de millions d’euros.

-Dédommagement des clients de la compagnie chypriote et de la CTN

-Dédommagement des dégâts écologiques causés par la pollution

-Dédommagement des compagnies françaises et italiennes qui ont fait l’assistance en haute mer pour la désincarcération des deux bateaux.

– “off hire” du à l’immobilisation du navire pour réparation, manque à gagner à la compagnie.

Non sans pessimisme, A.A conclut que l’incident pourrait coûter cher à la compagnie tunisienne de navigation qui est déjà déficitaire, cela au détriment du contribuable. Il appelle à revoir le système disciplinaire à la CTN en particulier et en Tunisie en général. Il est en effet inacceptable que les citoyens payent la facture de la mauvaise gestion à très haut niveau de l’Etat alors que des compétences tunisiennes de haut niveau dans le domaine maritime et bien d’autres domaines ont choisi de quitter le pays.

L’incident de la CTN reflète, pour A.A, la dérive grave de notre pays. « Les patriotes ont construit les institutions de ce pays… Aujourd’hui, des lâches indisciplinés et égoïstes, avec pour unique souci l’intérêt personnel, viennent pour tout détruire… Jusqu’à quand ce gâchis?»

Propos recueillis par Chiraz Ben M’rad

المصدر: الجمهورية


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