شاه Ibrahim Letaief: Pourquoi j’ai échoué aux JCC

القائمة الرئيسية

الصفحات

شاهد الفيديو / Ibrahim Letaief: Pourquoi j’ai échoué aux JCC / Video Streaming

Par Ibrahim Letaief

Avec du recul j’ai compris pourquoi j’ai échoué cette année aux JCC. J’ai échoué, non pas parce que j’ai réussi l’année dernière bien sur avec une équipe passionnée et compétente à relever beaucoup de défis et notamment transformer les JCC en une fête populaire et maintenir le festival malgré l’attentat terroriste et sans prendre l’avis des officiels.

J’ai échoué cette année et apparement tout seul non pas parce qu’il y avait un trou au dessous du tapis rouge, ni par ce que le ministre s’est dépêché de régler l’histoire d’une actrice algérienne non invitée officiellement d’ailleurs, non plus parce que j’ai refusé de payer une facture de l’accompagnateur d’un invité de marque aux JCC.

J’ai échoué parce que depuis Making of de Nouri Bouzid en 2006, la Tunisie n’avait pas remporté de Tanit d’or long métrage aux Journées cinématographiques de Carthage.

Elle le reçoit cette année, mais alors que trois fictions tunisiennes étaient en compétition longs métrages, c’est le seul documentaire sélectionné qui l’obtient avec Zaineb n’aime pas la neige, de Kaouther Ben Hania. Car en 2016, innovation radicale de la 27ème édition pour leur 50ème anniversaire, documentaires et fictions ne sont plus séparés. La Tunisie reçoit aussi le Tanit d’or de la première œuvre avec The Last of us d’Alaeddine Slim.

J’ai échoué aussi parce que comme la signalé Amel Djait, ces JCC nous ont permis de voir du talent; celui d’une jeunesse qui s’exprime, réfléchit, propose, ose, filme…

La session a de fait récompensé le cinéma Tunisien par deux Tanit d’Or des compétitions officielles et compétition première œuvre, en l’occurrence « Zeineb déteste la neige » de Kaouthar Ben Henia et «The last of us » de Alaeddine Slim. Ce dernier film a remporté deux prix à la Mostra de Venise.

J’ai échoué parce que aussi (Dixit Amel), durant cette manifestation, on a vu beaucoup de femmes que je veux et sais voir au delà des dentelles, des jupes fendues et des décolletés affolants. Intelligentes, talentueuses et libres, certaines d’entre elles osent, expriment leurs opinions, choix et visions.

J’ai échoué parce que les JCC 2016 sont un succès indiscutable. Les 200 000 spectateurs qui sont et font le festival sont le plus grand et exceptionnel des acquis.

J’ai échoué parce que avec cette session, l’événement a enregistré une augmentation de fréquentation des passants de 30% sur la principale avenue du pays avec l’impact que l’on imagine comme impact sur les commerces.

Les projections se sont produites à Tunis dans les salles de cinéma, mais aussi dans les régions, les prisons, les casernes, les universités… J’ai échoué…

J’ai échoué par ce que je croyais fermement que la Tunisie avait besoin d’un grand festival international ou culture, tourisme et fête peuvent cohabiter..

J’ai échoué parce que j’ai réclamé une autonomie et non l’indépendance et la privatisation des JCC comme certains essayent de le faire croire.

J’ai échoué parce que cinquante ans après, ni le ministère de tutelle ni les associations du secteur ne veulent vraiment regarder les choses en face quant à l’avenir d’un continent africain qui a malheureusement cessé de produire régulièrement des films.

J’ai échoué parce que je n’ai pas froid au yeux et que j’ai essayé de réaliser un rêve.. certainement pas conforme et incompatible avec les aspirations de la majorité.

Quand on est minoritaire forcément on échoue mais ce qui est important c’est de continuer à croire en ses convictions et aller à l’avant.

J’ai échoué par ce que j’ai toujours réussi en solitaire… et parce que on essaie de me faire porter le chapeau de la mauvaise gestion du festival et non des JCC.

J’ai quand même réussi à démissionner avant qu’on me démette officiellement.

J’ai échoué… et j’assume.

المصدر: الجمهورية